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Page:Nerval - Napoléon et la France guerrière, 1826.djvu/10

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Quel supplice cruel ! victorieux encore,
Des plus nobles lauriers quand leur front se décore,
Ils mourront sans combats :
Ils cherchent l’ennemi, l’ennemi les évite,
Revient, fuit tour-à-tour, et lance dans sa fuite
Un perfide trépas.

Que craint-il cependant ? Dans la neige profonde,
Il voit ces légions, l’épouvante du monde,
S’entasser par monceaux,
Les vivans appuyés sur leurs armes muettes,
Se traîner lentement, comme d’affreux squelettes
Échappés des tombeaux.

Naguère on vit marcher cette superbe armée,
Comme un fleuve dévastateur,
Sur le front abaissé de l’Europe alarmée,
Passa son flot dominateur :
Rien encor de son onde avide
N’avait pu réprimer l’effort,
Mais enfin la glace du Nord
Enchaîna ce torrent rapide.

Au lieu des légions dont le vaste appareil
D’un peuple de héros annonçait le réveil,