Page:Nerval - Napoléon et la France guerrière, 1826.djvu/9

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Souvent son œil voudrait en sonder le mystère,
Il croit voir à sa mort l’avenir trop sévère
Lui désigner un rang
Parmi ces insensés, avides de carnage,
Dont rien dans l’univers ne marque le passage,
Qu’une trace de sang.

Qu’il tremble, encor vivant, il est mort pour la gloire ;
C’est en vain qu’il voudra rappeler la victoire,
Son bonheur est passé :
Du ciel qu’elle habita sa grandeur qui s’efface,
Déjà sur l’horizon ne laissant plus de trace,
Semble un astre éclipsé.

Des glaces, des déserts, voilà donc le domaine,
L’empire que, parti d’une terre lointaine,
Il venait conquérir,
Partout ces monts glacés repoussent l’espérance ;
Là va bientôt régner un éternel silence,
C’est là qu’il faut mourir !

Il croit, en ce moment voir la France abattue,
Par ceux qu’elle vainquit en un instant vaincue,
Pleurer son seul appui ;
Encor s’il mourait seul, mais cette armée immense,
Ces nombreux combattans, qu’il redoit à la France,
Vont périr avec lui :