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III

Sainte Sorcière.

Voici que s’avance la sorcière qui ne ressemble à rien, car elle est tout. Elle s’assied sur une roche, dans la broussaille bourdonnante, et le vent des abeilles et des pollens lui chuchote dans l’assentiment universel :

« Toi qui, vivante, as arraché de toi la sépulture de Pascal et poses ton regard pur sur la nature, toi qui ne t’adresses pas aux saints de plâtre auxquels on ne vient montrer que des péchés et des ulcères, mais qui donnes le sacerdoce aux chênes puissants, au blé nourricier, au rossignol consolateur, toi qui sais — ô secrète ! — que les seuls damnés sont ceux qui portent, contre leur cœur, la lyre éternelle et chantante, toi qui as coutume de dire : « Les Maudits sont grands et la foudre est belle… »

— Parfaitement.

— …Toi qui vis, sorcière…

— Eh ! que pourrais-je faire d’autre ? En vérité, je ne vois pas…

— …Toi qui es toute lumière et toute in-