Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
105
SABBAT

sente : « Tu l’entends ? gémit-elle. Il veut sortir. » Et sainte Sorcière qui devient, alors, sainte Musique, délivre Dieu, ce prisonnier des cordes d’or.

« Sainte Sorcière, canonise-nous. » Ils sont pleins de préjugés, ces habitants des buissons.

« Soit », dit sainte Sorcière, et, de l’épinevinette, s’échappent saint Moineau, saint Lézard et saint Lis.

L’état bienheureux n’empêche pas saint Moineau de laisser tomber une crotte sur la collerette toute blanche d’un saint petit enfant qui, gonflé d’importance dominicale, court acheter un saint gâteau.

« Que ma religion est charmante ! » pense sainte Sorcière.

Saint Lézard, l’auréole à la tête, donne, tout à coup, les signes d’un trouble significatif. Une lézarde le regarde avec une si extrême bienveillance que sainte Sorcière ouvre, toutes grandes, ses prunelles rieuses. Elle sait que la vie est plus précieuse que la sainteté, et, d’ailleurs, se fond en elle par l’amour.

Saint Lis, bien qu’il soit pur entre les purs, ou, plutôt, parce qu’il est pur entre les purs, est envahi, soudain, par mille bêtes étranges appelées « criocères », mais sainte Sorcière, qui est savante entre les savants et donc se