Aller au contenu

Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
188
SABBAT

trage, assombrit ma pensée, être maudite des hommes puisque je prends attitude de bête dansante, sauvage et seule, me masquer du voile odorant du mensonge, être détestable comme le soleil sur le lépreux, perfide comme la lune sur l’exode des pèlerins, méchante comme la mer qui fait du naufrage son Vésuve désespéré, mais que je dois me refuser à ce plaisir rauque, suant, affreux…

Oh ! Comme je voudrais pouvoir dire : « Ma pureté satanique ! »

— Dis. Ce n’est, déjà, pas si mal. Mais vous ne savez pas le nom de toutes vos divinités jalouses, ô poètes ! Votre blancheur ? Elle fut à jamais souhaitée par les neiges éclatantes, l’azur armé de constellations, les séraphins, ces braises volantes, les marguerites, ces petites tristesses douces des vieux jardins…

Mystère ! comme tu dis. Vous péchez par l’esprit plus que le Juif aux trente deniers, que le fratricide aux jambes velues, qu’Hérode aux mains de vieille proxénète, que la Cathédrale, tentation de pierre, à l’âme d’encens, que les pourpres qui regardent, dans les fins d’Empire, les glaives, mais vous êtes éblouissants, ô Mages, et la tunique de lin est à vous.

Il faut choisir. Il existe une vaste équité inconnue. Les terribles délices de l’âme sont ignorées de ceux qui s’attachent aux satisfactions des sens.

La grande soif de Babylone est aux or-