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Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/213

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ENCHANTEMENTS

Tu ne m’as pas dit que tu es caressant comme le pelage de l’antilope à la nudité de l’esclave préférée, mais à quoi bon ? Tu ne m’as pas murmuré un mot d’amour, mais je me suis noyée dans ton langage d’amour comme dans un Nil où les roseaux pleurent toute la langueur de l’Égypte. Tu es respectueux pour ma main, mais tes bras m’étreignent comme des serpents qui ont faim de leur victime. Tu me regardes à peine, mais je sais que tu me vois nue.

Que, par un sortilège venu de toi, mon âme prenne la forme radieuse de ma chair et que ma chair se pénètre de la science enchantée de mon âme, et je suis plus que divine. Que ta pensée me rende, soudain, la respiration des roses autour de ma robe d’enfant, et je suis plus que comblée. Qu’à ton souvenir, je frémisse de cette volupté qui m’allonge vers l’horizon comme une belle journée qui veut finir dans le soleil, et je suis la plus parfaite.

Je n’ai pas besoin que tu me touches pour connaître, par toi, un frisson aux deux cou-