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Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/216

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SABBAT

pieds comme le butin des pirates qui compte, aussi, des étoiles et des éclairs.

Qu’ajouterait ton corps à mes fêtes quand mon destin s’appuie à ton destin comme l’Italie à la mer ?

Qu’ajouterait ta présence à la mienne puisque je sais que tu me portes sur ton cœur comme la rose rouge de la plus belle chance ?

Seule… je suis toujours seule, mais, dans la langueur de nos langueurs, tu jettes, ô pêcheur de perles, le filet d’or de tes chansons.

Quelle est la bouche qui a satisfait jamais la faim que nous avons de Dieu ?

Je n’ai jamais voulu que me soûler de rêve afin de tomber ivre-morte dans la connaissance de tout.

« Au-delà de nous… Au-delà de nous… » dis-je toujours, car j’ai connu que nous n’existons que dans nos rayonnements.

Je pose ton âme partout où il y a du soleil, comme un diadème, et c’est un sacre qui s’accomplit. Je prends ta main partout où il y a de l’ombre embaumée par des grappes de silence en fleur, et c’est une alliance qui se fait. Je te dis : « Viens… » et c’est la plus belle route qui s’ouvre. Je te dis : « Pars… » et c’est un ciel plein d’hirondelles qui secoue ses écharpes d’azur sur cet exil où tu m’emportes, c’est l’automne qui s’empare de la forêt, les bateaux qui semblent plus lointains, plus