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Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/256

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SABBAT

de robes de bure, et, trop souvent, l’odeur d’encens, cette asphyxie…

Et ma jeunesse plus belle que la voile neuve sur la mer voyageuse, tu l’as sue encore… J’ai eu tous les dons qui jettent au malheur, et puis, à la divinité altière, à la solitude en soi.

Je t’ai montré mes blessures. Je fus toujours lapidée, mais à coups de rubis. Je t’ai montré mon cœur : il fut maudit et parfait. Je t’ai montré mon avenir : cette route qui monte, ce ciel qui s’ouvre, cette récompense, la musique, que j’ai, sans fin, gagnée par la musique…

Je t’ai parlé, ensuite, du soir de ma mort comme on parle d’une récréation charmante qui nous attend parmi des visages inconnus et bienveillants : « Dès que je serai délivrée, je danserai au milieu du bois violet à peine éclairé d’or, et telle que je suis — entends-tu ? — avec mon corps aimable, ailé, désiré par les chérubins de l’azur et convoité par les saints diables de la jeunesse. Puis, ayant payé le tribut de la joie et de la grâce, je partirai de découverte en découverte, et mon commencement éternel sera un grand cri de liberté… »

Je t’ai chuchoté bien d’autres choses… oh ! bien d’autres choses ! Je t’ai fait voir mes damnations assises en cercle, autour de moi, comme des bêtes rouges, et, toutes graves, se faisant passer pour l’absorber, chacune, et s’en nourrir divinement, l’absolu de la sa-