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Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/261

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SABBAT

Jusqu’à présent, on n’a fait que s’affronter et se confondre, mais, à présent, on s’affronte pour se dissocier, et le temps des chiffres sur l’ardoise, du total misérable et plâtreux, du cul de bouteille, du couteau de 2 fr. 75 et des veines tranchées est venu.

L’heure est belle, en vérité, et, sous nos pas, nous faisons craquer le mépris comme le bois mort des bosquets à frites… »

Que de rancœur, mon Dieu, que de rancœur ! L’heure est belle, en vérité, et je me demande si le dégoût n’est pas notre vrai faste, à nous les damnés d’amour et de poésie.

Depuis trop longtemps, vois-tu, je te juge, et nos mères pleurent sur les péchés originels de leurs petits.

La peur, l’angoisse, la lâcheté, l’âme en fuite comme le troupeau traqué, la trahison qui n’est pas plus compliquée que le passe-partout du premier serrurier venu, voilà, voilà ce que j’ai trop chéri. Que l’heure est belle !

Entrez dans le confessionnal, Caïn démoniaque, chef des tribus dansantes, velues et criminelles, agenouillez-vous devant la robe noire tachée de graisse humblement et gémissez le mea culpa. Vous aurez, vous aussi, de l’huile, à l’heure de la mort, sur votre