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Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/262

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SABBAT

front que l’Espérance avait fait rouge comme le soleil qui se lève entre les bandelettes d’or de l’aurore… Vous finirez en catholique, Caïn, vous qui fûtes déshonoré et trahi par votre tentation, vous qui n’avez pas su choisir la victime maudite, et qui avez voulu tuer, comme s’il en valait la peine, cet infime pécheur… ce pauvre enfant !

Oui, l’heure est belle… Et quand tu chercheras le sens de ma présence hostile et détestable, dans chaque cellule de ton être, je te ferai entendre le fléau sur l’aire, le marteau dans l’atelier métallique, la roue du rémouleur mouillée des larmes de la rouille. Je te ferai voir les dents voraces du moulin, l’abîme dévorant de la mine, tout ce que les machines ont de conscient et de gigantesque, tout ce que les chimies industrielles ont de corrodant et d’impur dans les hangars où souffre l’eau, où crient les courroies, où flambe l’alcool, où siffle la vapeur, où le charbon sue comme l’esclave noir, où la peau de la bête trempée dans l’acide commence, par la couleur de la pourriture, à résister à sa propre décomposition.

Voilà ! Es-tu content ? Tu peux être fier, pauvre homme. Et tu as, déjà, compris, brute sensible, que je ne t’ai jamais tant aimé.