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LA NUIT DE SATAN

Le poisson. — …Et si Satan n’habite point dans mes yeux ronds, embrasés d’or, cerclés d’azur, dans mes nageoires plus subtiles que l’aile de la libellule, dans mon ventre gonflé comme une outre et plein du rire ironique et fuyant d’Amphitrite, je déclare qu’il n’est pas.

L’huitre. — Athée ! Moi, je le vois dans la perle que je ne cesse pas d’attendre en me disant que je suis la nacre, la solitude, le bâillement, l’immobilité, la quiétude, sur le rocher perdu…

La méduse. — Madame Guyon, va ! Il ne peut exister que dans mon irréelle splendeur qui se pénètre, comme celle du caméléon, de toutes les fugaces apparences.

Neptune. — Par ma barbe qui vole au vent de la tempête, par mon trident qui règne sur le naufrage, je jure que j’anéantirai tout ce misérable fretin qui aspire à Satan. Où