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SABBAT

jeûne, du chemin de croix, de la confidence faite à voix basse à une robe noire qui pèche en écoutant gémir le péché, de l’examen de conscience s’inspirant des manuels secrets qui, dans les chapelles obscures, entre le plâtre hystérique et le bois pantelant, halètent autant de concupiscence que de peur du Diable.

L’inquisition incessante du Dieu de l’effroyable de profundis ne quittait plus mon âme que, jadis, le moindre jardin faisait si libre.

La sœur des violettes, ces douces démoniaques, pâlissait, devenait longue et sérieuse, ne sentait plus le soleil et le foin, mais l’alpaga et le savon dégénéré que vendait, entre des prises de rhubarbe et la bénédiction papale, sœur saint Mercanti de Jésus.

La sonorité de son esprit joyeux, elle l’avait fêlée pour longtemps contre la porte de fer des tribunaux catholiques. Pauvre sorcière de dix-sept ans ! Déjà, ce réceptacle enivré des soleils croyait aux pleurs et aux supplices des réprouvés.

Des prêtres aboyants, des nonnes miaulantes l’envahirent.

« Vous perdre, rêver dans les prés du Seigneur ? Mais considérez-vous donc, trop gracieuse sorcière aux joues trouées de fossettes, aux nattes couleur de châtaigne sous le soleil d’automne : Vos yeux dorés ? De la damnation. Votre sein velouté ? De la pourriture. Votre joue attentive au miracle de l’heure ?