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Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/54

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LA SORCIÈRE DÉLIVRÉE

Je rentre dans l’église, mais, aussitôt, je me sens plus désespérée que la pierre tombale dans une abside sans vitraux.

« Allons-nous-en », me dit mon âme.

Je résiste. Je heurte un banc pour écouter gronder les profondeurs glacées du lieu saint et je respire l’encens refroidi dans les chapelles qui sentent la mort des roses blanches.

« Allons-nous-en », me dit mon âme.

— Pas encore. Il me semble que, tout à l’heure, je serai, ici, moins affligée, peut-être.

Je touche le lin jaloux de mes mains habituées à l’humilité passionnée, à l’ordre ingénu, à l’avarice blanche des couvents. Je regarde les bouquets des petites saintes fleuries par la sensualité, la chlorose ou l’innocence des ferveurs. J’appelle les saints, ceux qui furent pauvres, sales, vagabonds, et qui firent connaître aux verveines de la route leur ulcère générateur de béatitude. Mais les saintes à la taille de bergère, les saints no-