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SABBAT

mades qui, pour mon enchantement, portent le bâton et la besace, ces folles adolescentes, ces humbles fous m’ignorent.

« Allons-nous-en », me dit mon âme.

Je me tourne vers les patriarches et les apôtres magnifiés dans les verrières. Désolation violette des tuniques pures ! Crosses d’or sans pitié qui me rejettent des faveurs et des maisons de l’Esprit !

« Allons-nous-en, me dit mon âme. Fuyons le confessionnal : l’eau miraculeuse n’est pas pour toi, créatrice de miracles. Elle coulerait en vain sur ton visage de sorcière plus aride et plus parfumé que les landes des solitudes.

Que ferais-tu d’un Dieu vengeur et silencieux, fille de poésie et d’éclats de rire ? Que ferais-tu d’un Dieu qui ne communiquerait avec toi que par l’odeur de soutane et de pénitence ? Ah ! rappelle-toi, chaque fois… chaque fois… Le Dieu restreint t’a châtiée. Il t’a fait porter contre toi des accusations qui avaient la bureaucratique revendication des folles. De chacun de tes instincts, sortait une tribu gémissante. Dans le confessionnal, tu rôdais autour de la luxure avec l’air sournois et maudit d’un prêtre qui a le chapeau sur les yeux.

Va vivre, et tu seras pure. Va te mettre nue, et tu seras sauvée. Va te rouler dans l’herbe, et tu es éternelle…

— Ah ! pourtant, Dieu, je l’aime…

— Oui… mais tu le possèdes chez tes