Aller au contenu

Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
50
SABBAT

bêtes dansantes qui broutent l’Âge d’or dans tes songes… Il est, pour toi, dans la nature aux cornes vertes, aux rires discordants et joyeux, et ton satanisme le salue parmi les papillons dont l’aile emplit de soufre les doigts qui l’ont faite prisonnière.

Va-t’en, va-t’en de ces bancs rigides, de ces dalles sous lesquelles des ossements inconsolés exhalent toujours les soupirs de la contrition et de l’épouvante catholique.

Va-t’en de cet orgue qui n’égale jamais la colère de tes ouragans et celle de ton silence.

Va-t’en des dévotes et des fanatiques, toi qui as la dévotion sacrée du choix et de l’orgueil, la violence et la haine de tout ce qui ne tend qu’à l’Amour.

Pars d’ici, toi qui veux faire des flèches victorieuses de tous les rayons de ton esprit, toi qui sais qu’il n’y a que des maudits ou des esclaves sous le regard des tyrans, toi qui penses que les ailes ne se mesurent qu’avec les ailes et que les fils de l’Espérance ne répondent qu’à l’Infini…

Ici, rien ne veut de toi, les chaises te repoussent, les statues te chassent, l’encens corrompt ton odeur naturelle et puissante, la Forme douloureuse étonne ton corps qui n’est que joie, liberté et mouvement.

Va-t’en. Les ministres de ce lieu ne t’ont jamais absoute… Jamais… Même au temps de ta première communion que tu fis avec une âme trop sainte. Tu es de ceux, ô prédestinée,