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SABBAT

que rien ne libère, sauf le rêve, et qui ne trouvent la paix que dans la révolte fleurie des démons universels.

Va courir dans le vent, sorcière, et tu sentiras que ton commencement fut une palpitation d’ailes et le rythme même de la volupté.

— Encore un peu… pour voir si je ne me suis pas trompée, jadis, quand l’anémie des cierges et la névrose des cantiques me rendaient intolérables les couvents. Là, les soupirs n’émeuvent pas un seul rossignol, les gestes ne nourrissent pas un seul grain de blé…

J’avais, déjà, compris que, partout, où se dressent des murailles, des prisonniers gémissent…

— Tu sais bien que la beauté, que la gloire divines sont, sur tes doigts légers, les rayons du matin, que l’éternité est à toi, ô Vie à jamais transmissible, sève des feuilles, sensibilité des antennes, éclosion de la rose… Éclosion ! Poète, poète, poète…

Va retrouver, dans la libre nature, le Dieu sans nom et aux mille visages qui ne t’a jamais empêchée d’être belle, de t’épanouir, de te mêler à la récréation du monde, de croire aux nymphes, de danser avec les anges, de caresser les faunes, de faire éclater, buissons en fleurs, à tes côtés, les miracles et les sortilèges, de donner ton cœur aux réprouvés, ton âme à la sainte Lyre, d’appeler la poésie : « Notre-Dame de Satan », de