Aller au contenu

Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
69
SABBAT

d’autres ! La merveille, c’est qu’ils font de moi la possédée, dans tous les sens du mot, et Satan qui, pour mon ravissement et le sien, les invente toujours plus étranges et charmants, est, en vérité, un amant unique.

Hors d’ici, sorcier ! Tu n’es riche, toi, que de tes appétits et de tes organes. Les chétives choses, quand on connaît un baiser plus substantiel que la pâture à la faim des bestiaux, quand le soleil des blés où palpite la caille vous incendie lumineusement sur le cœur de l’Amour universel !

Ah ! la sorcière a vite su les misères, les affronts, les dégoûts des couches réelles ! Elle en sortit souillée, amoindrie, haineuse, pleine de griffes et de morsures… Et toi que j’appelle « sorcier », mais que je devrais appeler « mâle » puisque tu as de lui la brutalité et l’indigence, tu voudrais entraîner la sorcière vers la litière sèche et t’en faire cette ennemie qui resta, chaque fois, épouvantée d’avoir vu assommer son rêve, enchaîner son désir, déshonorer sa danse, briser ses bras qui n’aspiraient qu’aux infinis…

Va-t’en ! Tu es laid, impur, féroce, pauvre, pauvre, pauvre… Où sont tes abeilles nuptiales ? J’ai les sens de toute la flore.

Où sont tes vampires aux yeux d’étoiles ? Je suis la hulotte qui plane au-dessus des