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SABBAT

quand nous crions : « Non », car il sent, alors, sur sa face, passer le grand mouvement des ailes !…

Dieu ? Tous les jours, il se penche vers moi plus tendrement : « Ma créature ! me dit-il… Tu t’avances dans la vérité et tu progresses dans la perfection car tu es joyeuse.

Tu comprends, toi, ce que doit être la poésie : mon jour de fête. »

Il est des fous, Bémolus, qui font, de la poésie, une folle oisive et interrogative qui, perdue dans la solitude, se jette sur les pèlerins : « Où en est la vie ? leur crie-t-elle. Où en est Dieu ? » Et les pèlerins, avec raison, haussent les épaules.

Il est des fous qui lui donnent deux masques : l’un blessé, l’autre grimaçant, et, ces faux visages, ils les attachent, en les opposant, à un bâton chétif. « Voilà notre hochet : la douleur et le doute… » et ils l’agitent avec des gestes de rois obsédés.

Il est des fous qui enveloppent cet Archange du linceul et qui abandonnent aux vers une proie de lumière.

Il est des fous qui traînent cette sorcière devant le grimoire qu’ils ne cessent pas de feuilleter : « Nous ne savons rien, » gémissent-ils, tandis qu’à la porte de leur antre se