Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/131

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glissa une poignée de roses dans la guimpe de la fillette.

— Tiens ! dit-il riant de bon cœur, je te fais un cadeau, je suis un garçon, tu es une fille… nous sommes deux amoureux !… ce n’est pas malin d’arranger ces histoires-là !

Mary ajouta : « Embrassons-nous ! »

Ils s’embrassèrent avec des rires très doux, tandis que Castor, pris de langueur sur son lit de fleurs fanées, s’allongeait avec des bâillements nerveux.

— Je te donne la bille de verre bleu pour la poignée de feuilles, et si tu veux je t’apporterai des images demain.

— Non, c’est les garçons qui font les cadeaux, je t’assure… Je chercherai un nid, tu sais que les ronces par-là sont pleines de nids vides, et les bouvreuils ne manquent pas cette année.

— Alors… qu’est-ce que je pourrais te faire en échange ?

Siroco la renversa sur l’herbe et eut l’idée de secouer les arbustes. Toutes les fleurs ouvertes tombèrent, ce fut une pluie. Une odeur suffocante se dégageait de ces milliers de pétales et grisait leurs cerveaux d’enfants, les dilatant d’une manière surprenante, ils avaient la sensation de grandes personnes qui ont bu des liqueurs fortes.

— Siroco ! s’écria brusquement Mary se roulant comme une couleuvre sur la jonchée, si je te demandais un beau cadeau… un cadeau tout à fait d’amoureux… voudrais-tu ?