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Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/145

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— Tu me disais qu’il fallait le faire, là-bas, sous les roses, est-ce que tu l’as oublié ? demanda Mary avec vivacité.

— J’ai dit ça, moi !… Oh ! la bonne histoire !… On dit tant de choses !… C’est ton frère !… il fait ses dents, vois-tu, et quand ça lui passera, il deviendra gentil… comme toi !… ce sera ton petit Siroco numéro deux !…

— Jamais ! je ne l’aimerai jamais !… Il a tué maman. Écoute, Siroco, s’il était mort et que je te prenne pour frère, voudrais-tu ?

— Tiens, je crois que je voudrais… être le frère d’une demoiselle et faire des parties ensemble toute la journée.

— Alors, tu vois bien… il faut que je l’étrangle. Papa sera d’abord ennuyé, puis il fera comme pour maman, il se consolera, et je lui dirai qu’il te prenne avec nous… Tu n’as ni père ni mère, toi ! tu es tout venu, tu n’as tué personne en naissant, tu es bon, les yeux sont noirs… Oh ! ce sera du plaisir plein la maison… Nous jouerons, nous écrirons, nous mangerons et tu ne pleureras pas, tu m’empêcheras de pleurer.

Le jeune garçon devint triste.

— Petite folle de Mary ! Ça ne se peut pas, non, et quand je pense que si le régiment change, tu quitteras le chalet, je ne te verrai plus.

— Ne dis pas ça, cria Mary, lâchant son aiguille pour se jeter dans ses bras, je te le défends… nous ne devons pas nous quitter… Des amoureux, est-ce que ça doit se quitter ?