Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/146

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— Ça s’est vu ! murmura Siroco ; puis il la repoussa doucement.

— Prends garde, Mary, je suis encore tout mouillé.

En effet, il avait remis sa chemise et son pantalon au sortir de l’eau ; ses habits n’étaient pas secs du tout.

— Tu as froid ? dit-elle inquiète en l’épongeant de son mouchoir.

— Non, en juillet, il ne fait pas froid.

Elle voulut lui faire sortir au moins sa chemise pour aller l’étendre sur un buisson de roses.

Il s’impatienta.

— Un jour, à l’école des frères, où je suis resté deux ans, fit-il, j’ai renversé une cruche le long de mon pantalon ; on était en hiver, je n’ai rien dit, et il ne m’est rien arrivé… Je suis un homme, les hommes ne s’enrhument pas !

La vérité était qu’il ne voulait plus se déshabiller devant elle. Il était pris d’une subite pudeur, parce qu’elle n’avait aucune idée de ce qu’il ne fallait pas faire, cette petite demoiselle trop bien élevée. Il lui raconta d’autres histoires fabuleuses : il était tombé dans un puits en tirant de l’eau pour une femme qui le nourrissait, il avait nagé dans le Rhône sous la glace, et jamais un rhume, non, pas ça d’éternuement.

Alors, gracieuse, elle présentait ses deux mains au soleil pour les glisser ensuite dans sa poitrine humide.