Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/163

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se bien tenir ! La fille d’un colonel, le chef du 8e hussards, n’est pas une bohémienne. Changeons la manœuvre, petite, sinon je te relèverai du péché de paresse.

— Maman n’est plus là ! dit très bas Mary, qui eut envie de pleurer.

— Ta mère ! s’écria le colonel pourpre de colère. Et n’es-tu donc pas honteuse d’en parler de ta mère, quand tu ne te souviens même plus d’elle ? Voilà une jolie sentimentale, ma foi, sa mère !…

Tout d’un coup il devint digne comme un homme qui se lave à ses propres yeux en morigénant un autre pour la bonne cause.

— Je t’engage à prononcer plus respectueusement des phrases pareilles, Mary ! Ta mère est un souvenir sacré pour nous tous, et je tiens à ce qu’on le rappelle dans des moments plus propices. Ta mère a-t-elle quelque chose à voir dans les courses de chien perdu que tu fais par monts et par vaux ? Je vous le demande ? Est-ce que c’est ta mère que tu cherches quand tu t’amuses avec un petit chenapan, un vaurien dont je ne sais même pas la demeure ?… En vérité une mère ne se mêle pas à toutes les sauces… J’y pense quand il faut, tu m’entends !…

Mary ne comprenait absolument rien au motif de cette annonce, quasi solennelle, d’une première communion prochaine. Hélas ! puisque Siroco était parti, était mort, inutile de lui reprocher ses vagabondages !

— Papa, dit-elle, relevant le front, je suis pour-