Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/164

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tant très sage, je ne sors plus qu’avec Tulotte et j’ai appris hier une leçon bien difficile, je t’assure. Je veux bien aller au catéchisme, mais…

— Mais, quoi encore ? Tulotte a raison de dire que tu n’es jamais contente de rien. Est-ce que tu vas faire mauvaise mine à madame Corcette, une jeune femme si dévouée… car c’est du dévouement que de s’occuper d’une enfant volontaire, d’une créature indisciplinée comme mademoiselle ma fille !

— Papa, je n’aime plus madame Corcette.

— Vraiment !… Et… peut-on savoir ce qui t’a éloignée de cette dame ?

Mary embarrassée ne savait comment formuler son accusation. Depuis Siroco elle gardait certains secrets pour elle, n’osant pas franchement les appliquer aux aventures de la famille. Elle se rendait un compte vague du rôle que jouerait la femme du capitaine dans son éducation, mais elle devinait que ce n’était pas uniquement pour sa félicité que son père lui imposait sa présence. Elle finit par balbutier :

― Elle caresse toujours mon frère et moi elle m’a laissée.

— Nous y voilà, s’écria le père s’emportant, tu es jalouse de Célestin. Comme toutes les mauvaises natures, tu fais retomber tes torts sur un pauvre innocent… Madame Corcette est un excellent cœur, elle, nous aimons Célestin et elle l’aime parce que nous l’aimons… Tu as saisi, n’est-ce pas ? et je t’engage à ne pas broncher vis-à-vis d’elle sous le joli prétexte que l’on te préfère Célestin. Eh bien ! oui,