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Page:Rachilde - Monsieur Venus, Brossier, 1889.djvu/107

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monsieur vénus

— Vous avez la parole, mon cher avocat, appuya de Raittolbe, s’animant sans rire. Seulement je déclare, moi, ne pas vouloir être juge et partie. Mettez donc votre discours à la troisième personne : Tant ils nous aiment mal…

— Oui, continua Raoule, brutalité ou impuissance. Tel est le dilemme. Les brutaux exaspèrent, les impuissants avilissent et ils sont, les uns et les autres, si pressés de jouir qu’ils oublient de nous donner, à nous, leurs victimes, le seul aphrodisiaque qui puisse les rendre heureux en nous rendant heureuses : l’Amour !…

— Tiens ! interrompit de Raittolbe, hochant le front. L’amour aphrodisiaque pour l’amour ! Très joli ! J’approuve… La cour est de votre avis !

— Dans l’antiquité, poursuivit l’impitoyable défenderesse, le vice était sacré parce qu’on était fort. Dans notre siècle, il est honteux parce qu’il naît de nos épuisements. Si on était fort, et si, de plus, on avait des griefs contre la vertu, il serait permis d’être vicieux, en devenant créateur, par exemple. Sapho ne pouvait pas être une