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Page:Rachilde - Monsieur Venus, Brossier, 1889.djvu/140

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monsieur vénus

pensant pas qu’une robe fût indispensable à Raoule de Vénérande.

Ayant une idée fort vague de la haute, selon l’expression si souvent répétée de sa sœur, il ne songeait pas du tout aux efforts d’imagination que Raoule devait faire pour sortir de la cour d’honneur de son hôtel sans qu’on la remarquât.

Tante Élisabeth dormait des huit heures les soirs où il n’y avait pas de réception, mais après le thé du samedi tous les domestiques allaient et venaient du vestibule au salon. De sorte que Raoule, pour fuir sa chambre par l’escalier de service, devait prendre les plus minutieuses précautions. Cependant, une fois, on venait à peine d’éteindre le grand lustre du salon, Raoule descendant rencontra un homme allumant son cigare. Rétrograder c’était perdre l’occasion, et sortir était risquer de se trahir… Elle continua, passa près de l’homme, qui toucha le bord de son chapeau, non sans l’examiner attentivement.

— Deux mots, monsieur, murmura l’attardé en lui touchant l’épaule. Pourriez-vous me donner du feu ?