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Page:Rachilde - Monsieur Venus, Brossier, 1889.djvu/197

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monsieur vénus

Et, avec une amertume navrante :

— Je vous avoue l’immensité de ma chute, n’abusez pas de mon aveu, monsieur de Raittolbe.

— Puis-je quelque chose du côté de la sœur, Raoule ? voulez-vous que je la signale à la police ? ajouta de Raittolbe, gentilhomme jusqu’au bout.

— Non, rien, rien… le scandale est inévitable, cette créature est la petite pierre qui brise l’effort de la puissante roue d’acier. Je l’ai humiliée, elle se venge… Hélas ! je croyais que pour une fille l’argent était tout, mais je me suis aperçue qu’elle avait, comme la descendante des Vénérande, le droit d’aimer.

— Aimer ! mon Dieu ! Raoule, vous me faites frémir.

— Je n’ai pas besoin de vous dire qui, n’est-ce pas ?

Ils se turent, l’âme remplie d’un grand déchirement.

Ils se voyaient à terre tous les deux et sentaient leur poitrine oppressée par le pied d’un ennemi invisible.

— Raoule, murmura doucement de Rait-