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Page:Rachilde - Monsieur Venus, Brossier, 1889.djvu/243

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monsieur vénus

vague odeur d’encens. Le buste de l’Antinoüs aux prunelles d’émail faisait face au trépied. Les fenêtres avaient été reconstruites en ogive et grillées comme les fenêtres de harems, derrière des vitraux de nuances adoucies.

L’unique ameublement de la chambre était le lit. Le portrait de Raoule, signé Bonnat, s’accrochait aux tentures, tout entouré de draperies blasonnées. Sur cette toile, elle portait un costume de chasse du temps de Louis XV et un lévrier roux léchait le manche du fouet que tenait sa main magnifiquement reproduite.

Jacques était étendu sur le lit ; par une coquetterie de courtisane qui attend l’amant d’une minute à l’autre, il avait repoussé les couvertures ouatées et le moelleux édredon. Au reste, une vivifiante chaleur régnait dans la chambre bien close.

Raoule, les pupilles dilatées, la bouche ardente, s’approcha de l’autel de son dieu, et dans son extase ;

— Beauté, soupira-t-elle, toi seule existes ; je ne crois plus qu’en toi. Jacques ne dormait pas : il se souleva