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Page:Rachilde - Monsieur Venus, Brossier, 1889.djvu/242

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monsieur vénus

Vénérande, arrondie aux angles, avec un plafond en forme de coupole, était tendue de velours bleu, lambrissée de satin blanc rehaussé d’or et de cannelures en marbre.

Un tapis, dessiné d’après les indications de Raoule, recouvrait le parquet de toutes les beautés de la flore orientale. Ce tapis, fait de laine épaisse, avait des couleurs tellement vives et des reliefs si accusés, qu’on aurait pu croire marcher dans quelque parterre enchanté.

Au centre, sous la veilleuse retenue par quatre chaînes d’argent, la couche nuptiale avait les contours du vaisseau primitif qui portait Vénus à Cythère. Une profusion d’amours nus accroupis au chevet soulevaient de toute la force de leurs poings la conque capitonnée de satin bleu. Sur une colonne en marbre de Carrare, la statue d’Éros, debout, l’arc au dos, soutenait de ses bras arrondis d’amples rideaux de brocart d’Orient, retombant en plis voluptueux tout autour de la conque, et, du côté du chevet, un trépied en bronze portait un brûle-parfums étoilé de pierres précieuses où se mourait une flamme rose dégageant une