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Page:Rachilde - Monsieur Venus, Brossier, 1889.djvu/28

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monsieur vénus

mais, sur le seuil, une odeur de pommes cuisant la prit à la gorge et l’arrêta net. Nulle odeur ne lui était plus odieuse que celle des pommes ; aussi fut-ce avec un frisson de dégoût qu’avant de révéler sa présence elle examina la mansarde.

Assis à une table où fumait une lampe sur un poêlon graisseux, un homme, paraissant absorbé dans un travail très minutieux, tournait le dos à la porte. Autour de son torse, sur sa blouse flottante, courait en spirale une guirlande de roses, des roses fort larges de satin chair velouté de grenat, qui lui passaient entre les jambes, filaient jusqu’aux épaules et venaient s’enrouler au col. À sa droite se dressait une gerbe de giroflées des murailles, et, à sa gauche, une touffe de violettes.

Sur un grabat en désordre, dans un coin de la pièce, des lis en papier s’amoncelaient.

Quelques branches de fleurs gâchées et des assiettes sales, surmontées d’un litre vide, traînaient entre deux chaises de paille crevées. Un petit poêle fendu envoyait son tuyau dans la vitre d’une lucarne en taba-