Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/188

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ces regrets sur l’exil de Râma, il exhala sa douce vie à l’heure où la nuit arrivait au milieu de sa carrière.


Quand elle vit le monarque tombé dans le silence, après qu’il se fut ainsi lamenté, Kâauçalyâ désolée se dit : « Il dort ! » et ne voulut pas le réveiller. Sans rien dire à son époux, elle, de qui la fatigue du chagrin avait rendu la voix paresseuse, elle s’endormit de nouveau sur la couche, son âme saturée de tristesse par l’exil de son fils. Bientôt, lorsque la nuit fut écoulée et que fut arrivée l’heure où blanchit l’aube du jour, les poëtes, réveilleurs officiels du roi, se répandirent autour de sa chambre.

Aussitôt, dans le gynæcée, à ces voix des chantres, des panégyristes, des bardes, toutes les épouses du roi sortent précipitamment du sommeil. On voit s’approcher du monarque, et ses femmes, et la foule de leurs eunuques, et ceux à qui leurs offices respectifs imposent la fonction de se tenir, suivant leurs dignités, près de la personne du roi. En même temps, les baigneurs, tenant des urnes d’argent et d’or, toutes pleines d’une eau de senteur, s’avancent eux-mêmes vers l’auguste souverain. Des hommes versés dans leur ministère apportent aussi et les choses qu’il faut toucher pour attirer le bonheur, et quelque antidote efficace que pourrait exiger telle ou telle circonstance. Ces habiles serviteurs s’étant donc approchés du roi, immobile dans sa couche, les femmes se mirent toutes à faire éclore son réveil dans la crainte de voir le soleil monter sur l’horizon avant qu’il n’eût ouvert les yeux à sa lumière.

Mais quand, malgré tous leurs efforts mêmes pour le tirer du sommeil, le monarque endormi ne se fut pas réveillé jusqu’après le lever du soleil, ses épouses tombè-