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Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/189

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rent dans une profonde inquiétude. — Saisies de crainte, incertaines sur la vie du roi, elles s’émurent, comme la pointe des herbes sur les bords d’un fleuve. Ensuite, quand chacune eut touché le prince et reconnu que sa peur n’était pas sans fondement, ce malheur, dont elles avaient douté, se changea pour elles en certitude. Consternées et toutes tremblantes à la vue du roi mort, elles tombèrent alors en criant : « Hélas, seigneur ! tu n’es plus ! »

À ce cri perçant de douleur, Kâauçalyâ et Soumitrâ endormies se réveillèrent dans une grande affliction. « Hélas ! dirent-elles ; hélas ! qu’y a-t-il ? » Puis, ces mots à peine jetés, elles se lèvent du lit en toute hâte, et, saisies d’une terreur soudaine, elles s’approchent du monarque. Quand les deux reines eurent vu et touché leur époux, qui, tout abandonné par la vie, semblait encore jouir du sommeil, leur immense douleur s’exhala en de longs cris. Émues par ce bruit plaintif, de tous côtés les femmes du gynœcée se remirent de groupe en groupe à crier au même instant, comme des bandes de pygargues effrayées. Cette vaste clameur, envoyée dans le ciel par les épouses affligées du gynæcée, remplit entièrement la cité et la réveilla de toutes parts.

Dans un instant, ému, consterné, retentissant de plaintifs gémissements et rempli d’hommes empressés confusément, le palais du monarque, tombé sous l’empire de la mort, n’offrit plus, à l’aspect des siéges et des lits renversés, à l’ouïe des pleurs entremêlés de cris lamentables, que les images du malheur envoyé, comme une flèche, dans cette royale maison.

Ensuite, après qu’il eut fait évacuer la salle et tenu conseil avec les ministres, Vaçishtha le bienheureux or-