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Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/19

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Rakshasas ne sont capables de bander cet arc : combien moins, nous autres hommes, ne le saurions-nous faire ! »

Et sur le champ Râma se mit en route avec ces grands saints, à la tête desquels marchait Viçvâmitra. Attelés dans un instant, s’avançaient une centaine de chars brahmiques, où l’on avait chargé les bagages des anachorètes, qui venaient tous à leur suite. On voyait aussi des troupeaux d’antilopes et d’oiseaux, doux habitants de l’Ermitage-Parfait, suivre pas à pas dans cette marche Viçvâmitra, le sublime solitaire. Déjà les troupes des anachorètes s’étaient avancées loin dans cette route, quand, arrivées au bord de la Çona, vers le temps où le soleil s’affaisse à l’horizon, elles s’arrêtent pour camper devant son rivage.

Mais, aussitôt que l’astre du jour a touché le couchant, ces hommes d’une splendeur infinie se purifient dans les ondes, rendent un hommage au feu avec des libations de beurre clarifié, et, donnant la première place à Viçvâmitra, s’assoient autour du sage. Râma lui-même avec le fils de Soumitrâ se prosterne devant l’ermite, qui s’est amassé un trésor de mortifications, et s’assoit auprès de lui. — Alors, joignant ses mains, le jeune tigre des hommes, que sa curiosité pousse à faire cette demande, interroge ainsi Viçvâmitra, le saint : « Bienheureux, quel est donc ce lieu, que je vois habité par des hommes au sein de la félicité ? Je désire l’apprendre, sublime anachorète, de ta bouche même en toute vérité. »

Excitée par ce langage de Râma, la grande lumière de Viçvâmitra commença donc à lui raconter ainsi l’histoire du lieu où ils étaient arrivés :

« Jadis il fut un monarque puissant, appelé Kouça, issu de Brahma et père de quatre fils, renommés pour la