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Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/21

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de musique, et, parfumant l’air des guirlandes tressées dans leurs atours, elles se laissaient ravir aux mouvements d’une joie suprême.

« Le Vent, qui va se glissant partout, les vit en ce moment, et voici quel langage il tint à ces jouvencelles, aux membres suaves, et de qui rien n’était pareil en beauté sur la terre : « Charmantes filles, je vous aime toutes ; soyez donc mes épouses. Par là, vous dépouillant de la condition humaine, vous obtiendrez l’immortalité. »

« À ces habiles paroles du Vent amoureux, les jeunes vierges lui décochent un éclat de rire ; et puis toutes lui répondent ainsi :

« Ô Vent, il est certain que tu pénètres dans toutes les créatures ; nous savons toutes quelle est ta puissance ; mais pourquoi juger de nous avec ce mépris ? Nous sommes toutes filles de Kouçanâbha ; et, fermes sur l’assiette de nos devoirs, nous défions ta force de nous en précipiter : oui ! Dieu léger, nous voulons rester dans la condition faite à notre famille. — Qu’on ne voie jamais arriver le temps où, volontairement infidèle au commandement de notre bon père, de qui la parole est celle de la vérité, nous irons de nous-mêmes arrêter le choix d’un époux. Notre père est notre loi, notre père est pour nous une divinité suprême ; l’homme, à qui notre père voudra bien nous donner, est celui-là seul qui deviendra jamais notre époux. »

« Saisi de colère à ces paroles des jeunes vierges, le Vent fit violence à toutes et brisa la taille à toutes par le milieu du corps. Pliées en deux, les nobles filles rentrent donc au palais du roi leur père ; elles se jettent devant lui sur la terre, pleines de confusion, rougissantes de pudeur et les yeux noyés de larmes.