Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/246

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n’oublie pas que j’accepte, mais sous la clause de ces mots, les tiens, seigneur, sans nul doute : « Prends à titre de dépôt la couronne impériale d’Ikshwâkou. »

« Oui ! » répondit son frère, de qui cette résignation du jeune homme à revenir dans sa ville augmentait la joie, et qui se mit à le consoler avec des paroles heureuses.

Dans ce moment arrivèrent le sage Çarabhanga et ses disciples, qui apportaient en présent des souliers tissus d’herbes kouças. Quand le noble Raghouide eut échangé avec le très-magnanime solitaire des questions relatives à leurs santés, il accepta son présent. Aussitôt Bharata saisit et chaussa promptement aux deux pieds de son frère les souliers donnés par l’anachorète et tressés avec les tiges du graminée.

Alors Vaçishtha, orateur habile et qui savait augmenter à son gré la tristesse ou la joie, dit ces mots, environné, comme il était, par les foules du peuple.« Mets d’abord à tes pieds, noble Râma, ces chaussures ; ensuite, retire-les ; car elles vont arranger ici les affaires au gré de tout le monde. »

L’intelligent Râma, l’homme à la vaste splendeur, plaça donc à ses pieds, en ôta les deux souliers, et du même temps les donna au magnanime Bharata[1]. L’auguste fils de Kêkéyî, plein de fermeté dans ses vœux, reçut lui-même cette paire de chaussures avec joie, décrivit à

  1. La cérémonie de l’investiture, que l’on trouve ici, nous rappelle que l’introduction de cette coutume en Europe fut attribuée à l’invasion des peuples du Nord : mais d’où leur venait-elle ? De l’Inde, sans doute, source universelle des idées, qui furent transvasées dans l’Occident.