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Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/304

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sant à l’ordre qu’il avait reçu là de son frère. Alors la fille du roi Djanaka, Sîtâ de lui adresser avec colère ces paroles : « Tu n’as d’un ami que l’apparence, Lakshmana ; tu n’es pas vraiment l’ami de Râma, toi, qui ne cours pas tendre une main à ton frère tombé dans une telle situation ! Tu veux donc, Lakshmana, que Râma périsse à cause de moi, puisque tu fermes ton oreille aux paroles sorties de ma bouche ! Il est impossible que je vive un seul instant même, si mon époux m’est enlevé : fais donc, héros, ce que je dis, et défends ton frère sans tarder. Dans ce moment où sa vie est en péril, que feras-tu ici pour moi, qui n’ai pas même une heure à vivre, si tu ne cours aider l'infortuné Raghouide ? »

À la Vidéhaine, qui parlait ainsi, noyée de larmes et de chagrin, Lakshmana de répondre en ces termes : « Reine et femme charmante, dit-il à Sîtâ, pantelante comme une gazelle, ni parmi les hommes et les Dieux, les oiseaux et les serpents, ni parmi les Gandharvas ou les Kinnaras, les Rakshasas ou les Piçâtchas, ni même parmi les terribles Dânavas, on ne trouve personne en puissance de se mesurer avec Râma, comme un des enfants de Manou ne peut lutter avec le grand Indra. Il est impossible que Râma périsse dans un combat : il ne sied pas que tu parles de cette manière : quant à moi, je ne puis te laisser dans ce lieu solitaire sans Râma. On t’a mise entre mes mains, Vidéhaine, comme un précieux dépôt ; tu me fus confiée par le magnanime Râma, dévoué à la vérité : je ne puis t’abandonner ici. Ces cris entrecoupés, que tu as entendus, ne viennent point de sa voix… Râma, dans une position malheureuse, ne laissera jamais échapper un mot qu’on puisse reprocher à son courage ! »

À ces mots, les yeux enflammés, de colère, la Vi-