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Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/305

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déhaine répondit en ces termes amers au discours si convenable de Lakshmana :

« Ah ! vil, cruel, honte de ta race, homme aux projets déplorables, tu espères sans doute que tu m’auras pour amante, puisque tu parles ainsi ! Mais il n’est pas étonnant, Lakshmana, que le crime soit chez des hommes tes pareils, qui sont toujours des rivaux secrets et des ennemis cachés ! »

Après qu’elle eut de cette manière invectivé Lakshmana, cette femme semblable à une fille des Dieux, Sîtâ, versant des larmes, se mit à battre des mains sa poitrine. À ces mots amers et terribles, que Sîtâ lui avait jetés, Lakshmana, joignant ses deux paumes en coupe et les sens émus, lui répliqua en ces termes : « Je ne puis t’opposer une réponse ; ta grandeur est une divinité pour moi : d’ailleurs, Mithilienne, ce n’est pas une chose extraordinaire que de trouver une parole injuste dans la bouche des femmes.

« Honte à toi ! péris donc, si tu veux, toi, à qui ta mauvaise nature de femme inspire de tels soupçons à mon égard, quand je me tiens dans l’ordre même de mon auguste frère ! »

Mais à peine Lakshmana eut-il jeté ce discours mordant à Sîtâ, qu’il en ressentit une vive douleur, il reprit donc la parole et lui dit ces mots, que précédait un geste caressant : « Eh bien ! je m’en vais où est le Kakoutsthide : que le bonheur se tienne auprès de toi, femme au charmant visage ! Puissent toutes les Divinités de ces bois te protéger, dame aux grands yeux ! Car les présages qui se manifestent à mes regards n’inspirent que de l’effroi. Puissé-je à mon retour ici te voir avec Râma ! »

À ce langage de Lakshmana, la fille du roi Djanaka,