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DANS LA MONTAGNE

blouse, le garde tire du sac une bouteille pleine d’un liquide sans couleur ; il en verse une partie sur les mains de Pont qui se les frictionne longuement et le bas des bras et les poignets ; puis s’en lave le visage, la bouche, la moustache.

Puis se lève, reprend son sac, et le garde sa hotte ; — et les deux s’en vont.

Il n’y avait déjà plus sous le ciel et dans toute l’étendue du pâturage que le petit tas fait par les habits, les souliers et le voile abandonnés au bord du chemin ; pendant que les deux hommes deviennent petits, puis encore une fois la voix de Pont vous arrive :

— Ah ! j’oubliais…

Montrant les vêtements :

— Il vous faudra brûler tout ça…

Ils avaient été prendre la hache à long manche dont ils se servaient pour fendre les troncs. Ils ont donné le coup avec le dos de la hache entre les cornes.

Ils ont tiré les trois bêtes hors de l’abri. Ils les ont d’abord amenées toutes les trois devant l’abri où elles bougeaient encore faiblement, et tantôt c’était une des jambes de derrière, tantôt l’oreille, tantôt c’était aussi la