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LA GRANDE PEUR

peau de leurs flancs qui se plissait comme si elles avaient eu des mouches ; mais, leur ayant passé la corde autour de l’avant-train, ils ont recommencé à tirer dessus, ils se mirent à traîner les bêtes jusqu’à un endroit choisi par eux comme étant un des mieux pourvus de terre, vu que, presque partout ailleurs, la roche affleure ; ils les amenèrent là successivement, toutes les trois, avec peine, c’est maintenant la seule espèce d’occupation qu’on ait ; ne s’arrêtant que pour essuyer avec le bras leur front où il y avait une source de sueur intarissable. Ils avaient empoigné cependant le pic et les pelles. Ils firent un seul grand trou carré, descendant le plus profondément dans la terre qu’ils pouvaient, mais, dès les premiers coups, le pic a commencé de jeter du feu. Il fallut tailler dans le roc et en désagréger les blocs en introduisant dans leurs fissures la dent du pic.

Ainsi ils allèrent encore tant qu’ils purent (c’est à présent l’espèce d’occupation qu’ils ont) ; puis ils se sont interrompus un moment dans leur besogne pour souffler ; alors, s’étant tournés par hasard vers le chalet, ils ont vu Clou qui en sortait.

Clou qui sortait du chalet avec son habit