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Page:Revue de Paris - 1921 - tome 6.djvu/705

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UNE CONSPIRATION EN 1537

SCORONCONCOLO

Mais si Madonna Maria m’aperçoit, elle me chassera, car elle ne m’aime pas.

LORENZO

Ne crains rien ; les femmes sont sorties et, quand elles rentreront, tout sera fini.

SCORONCONCOLO

Amen !




Scène IV


Cinq heures. — La chambre du Grand-Duc.


ALEXANDRE, LORENZO


ALEXANDRE

Dieu du Ciel ! Elle a consenti ?

LORENZO

De la colère d’abord, et puis de l’indignation, puis des larmes, quelques soupirs, beaucoup de réflexions, un long embarras, et enfin un aveu prononcé bien bas, avec la rougeur au front et l’orgueil dans le cœur.

ALEXANDRE

Et c’est ce soir ?

LORENZO

À l’instant même. Profitons du temps que sa mère va passer à l’église pour se préparer par la veille et par la prière au saint jour de l’Épiphanie. Il faut que vous me suiviez seul et avec précaution. Je vous ferai entrer dans la maison et je vous cacherai dans ma propre chambre.

LE DUC

Cher Lorenzino ! Hâtons-nous donc. Holà ! Un pourpoint, un manteau ! Je vais sortir.

(Giomo le Hongrois apporte un pourpoint.)

LORENZO

En vérité, maître, ce haubert à mailles de Venise et ces gantelets de buffle vont vous donner l’air d’un guerrier tudesque plutôt que d’un amoureux florentin.

LE DUC

Par saint Cosme ! Tu dis vrai. Qu’on me donne un pourpoint de satin doublé de zibeline, à la napolitaine, et des gants parfumés[1].

  1. Cf. Musset, Lorenzaccio, acte IV, sc. x :
    LE DUC

    Qu’on me donne mon pourpoint de zibeline !… Quels gants faut-il prendre ? Ceux de guerre ou ceux d’amour ?

    LORENZO

    Ceux d’amour, Altesse.