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Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 1.djvu/194

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LITTÉRATURE.

— Ma maison périr !… mon nom s’éteindre !… Je veux me marier… avoir un fils !… s’écria-t-il après une longue pause.

Le rebouteur ne put s’empêcher de sourire, tout effrayante que fût l’expression du désespoir peint sur la face du duc d’Hérouville.

En ce moment, au milieu du silence, et dominant le doux murmure de la mer, un chant aussi frais que l’air du soir, aussi pur que le ciel, simple comme la couleur verte qui teignait l’océan, s’éleva soudain pour charmer la nature. La ravissante mélancolie de cette voix céleste, la mélodie des paroles, la musique plaintive, répandaient dans l’âme un sentiment semblable à je ne sais quel parfum magique. L’harmonie montait comme par nuages. Elle remplissait les airs, elle versait du baume sur toutes les douleurs, ou plutôt elle les consolait en les exprimant. La voix s’unissait au bruissement de l’onde avec une si rare perfection, qu’elle semblait sortir du sein des flots C’était plus doux qu’une parole d’amour ; car il y avait la délicieuse fraîcheur de l’espérance.

— Qu’est-ce ceci ?… demanda le duc.

— C’est le petit rossignol qui chante. Tel est le nom que nous avons donné au fils aîné de monseigneur… répondit Bertrand.

— Mon fils !… s’écria le vieillard. J’ai un fils !… un fils !…

Il se dressa sur ses pieds, et se mit à marcher dans sa chambre d’un pas lent et précipité tour à tour ; puis, faisant un geste de commandement, il renvoya ses gens, à l’exception du prêtre.

Le lendemain matin, le duc, appuyé sur son vieil écuyer, allait sur la grève, à travers les rochers, cherchant le fils que jadis il avait maudit. Il l’aperçut de loin, tapi dans une crevasse de granit, nonchalamment étendu au soleil, la tête posée sur une touffe d’herbes fines, les pieds ramassés gracieusement sous le corps… Il ressemblait à une hirondelle en repos… Aussitôt que le grand vieillard se montra sur le