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Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 3.djvu/488

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LITTÉRATURE.

Don Pèdre.

Don Félix parricide ! le fiancé de dona Maria Pirez, cette bonne et charmante femme… Chancelier, faites mettre sur pied toutes mes troupes ; dites à mon grand-amiral de tenir prêts tous mes vaisseaux de guerre, faites doubler les postes et réparer les fortifications dans tout le royaume ; que les plus habiles médecins soient appelés de tout l’univers en Portugal. Nous sommes menacés de quelque horrible invasion des Maures, de quelque peste inconnue ; car voici des présages plus effrayans que ne le furent jamais comètes ou tremblemens de terre… Il y a des parricides dans notre saint royaume de Portugal ! Que les cendres de ce parricide soient jetées au vent ; allez.

(Il signe l’arrêt. — Le chancelier sort.)
Un domestique, entrant.

Seigneur, dona Maria Pirez réclame la faveur d’une audience.

Don Pèdre.

Qu’elle entre… qu’elle entre. Ah ! qu’elle doit être à plaindre !…

(Entre dona Maria.)
Dona Maria, tombant à genoux.

Seigneur, seigneur ! grâce, grâce !…

Don Pèdre.

Pour vous, ma fille… il n’en est pas besoin…

Dona Maria.

Non, pour lui…

Don Pèdre.

Qui lui ?… Le parricide ?… Vous jouez-vous de moi ?…

Dona Maria.

Seigneur, son père voulait me déshonorer à ses yeux ; il m’a défendue à main armée ; il a été plus malheureux que l’autre… il a été vainqueur…

Don Pèdre.

Mais l’autre était son père… son père !… Songez à ce que c’est qu’un père ! J’ai épargné le mien, et il avait laissé as-