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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 4.djvu/596

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REVUE DES DEUX MONDES.

sur moi des gouttes d’eau claire en si grande abondance, que je m’imaginai qu’il pleuvait, et en conséquence je restai là quelque temps pour attendre que la pluie passât. Enfin, voyant que cela continuait toujours sans augmenter ni diminuer, le ciel, d’ailleurs, étant serein, je pris le parti de continuer ma route. Aussitôt que je ne fus plus au-dessous de l’arbre, je ne sentis plus de gouttes, mais il ne me vint pas autre chose à l’idée, si ce n’est que la pluie avait cessé. Revenant plus tard par le même chemin, je vis encore que sous l’arbre les gouttes d’eau tombaient comme la première fois, et alors il ne me fut plus permis de douter que c’était du feuillage même de l’arbre qu’elles émanaient. Six fois différentes, dans les mois d’octobre et de novembre, j’ai revu cet arbre, et il m’a présenté le même phénomène par un soleil ardent et un temps serein. J’ai observé sur les rameaux floraux près de leur insertion aux rameaux de l’année précédente, et dans une longueur de quatre à six pouces, une humidité très sensible. Sur quelques rameaux, il y avait des amas d’écume au milieu de laquelle vivaient des larves nombreuses d’insectes, auxquelles probablement cette écume était due. Les plantes qui croissaient sous l’arbre étaient humides et vigoureuses. Je crois que le fait ne doit pas être considéré comme un phénomène morbide, puisque l’émanation de l’eau n’avait lieu en nul autre point qu’à l’union des fleurs terminales avec les autres branches. Je n’ai plus eu l’occasion de voir l’arbre après l’époque de la floraison, de sorte que je ne saurais dire si l’exhalation est limitée à cette époque ou dure toute l’année. »

Il se pourrait bien que le père Leandro se fût mépris sur la véritable nature du phénomène, c’est du moins ce qu’on est porté à soupçonner lorsqu’on compare son observation avec une autre faite tout récemment à Madagascar par un naturaliste français, M. Goudot.

L’arbre qui a été l’objet des remarques de M. Goudot appartient à la famille des urticées. C’est une sorte de mûrier à feuillage coriace et touffu, dont l’espèce est assez répandue dans les environs de Tamatave. M. Goudot en a vu tomber au milieu du jour, principalement vers l’heure de midi et sous les rayons brûlans d’un soleil presque vertical, une pluie fraîche et abondante.

Afin d’observer de plus près le phénomène, M. Goudot est monté