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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 4.djvu/597

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MÉLANGES.

sur les branches de l’arbre, et il n’a pas tardé à reconnaître la cause de cette pluie singulière. Autour des pousses de l’année, qui étaient vigoureuses et bien chargées de feuilles, il a vu des groupes considérables de larves couvertes d’une mousse blanchâtre. Ces larves sont dans une agitation constante ; elles se poussent, se pressent les unes les autres, pour prendre place sur l’écorce tendre dont elles extraient la sève en quantité suffisante pour que leur corps soit toujours saturé d’humidité.

La sève aspirée par ces larves est bientôt rejetée, soit par des organes particuliers disséminés sur la surface de leur corps, soit par les conduits excréteurs ordinaires, et elle forme des gouttelettes qui se réunissent en gouttes plus larges. Cette exsudation a paru à M. Goudot devenir d’autant plus abondante, que le soleil était plus ardent ; et cela est du reste conforme à l’observation générale que l’activité des larves croît à mesure que la température de l’atmosphère s’élève.

Vers le soir, lorsque la puissance des rayons solaires est sensiblement diminuée, la production du fluide si étrangement sécrété, est en partie suspendue, et les gouttes tombent lentement ; à mesure que la nuit s’avance on n’entend, plus qu’une goutte qui tombe de loin en loin. Enfin bientôt tout cesse pour recommencer graduellement le lendemain aux premiers rayons du soleil.

Quand le même arbre porte, comme cela se voit souvent, cinquante et jusqu’à cent groupes de larves, la sécrétion du liquide est assez abondante pour représenter une véritable pluie. Au mois de février, l’an passé, M. Goudot, pour recueillir un peu de ce liquide, a placé un vase au-dessous d’un groupe composé d’une soixantaine d’individus parvenus à la moitié de leur grosseur ; comme le soleil était ardent, les gouttes étaient très grosses, et se succédaient très rapidement, à tel point que, même avec les pertes dues à l’évaporation, un litre eût été rempli en une heure et demie. L’eau ainsi recueillie est limpide ; M. Goudot en a goûté, et ne lui a trouvé aucune saveur désagréable. Exposée à l’air, elle finit par se troubler et prendre une teinte jaunâtre.

L’insecte dont la larve sécrète ce fluide appartient, suivant M. Goudot, au genre cercopis de Latreille, et est très voisin du cercopis spumaria d’Europe. L’insecte parfait atteint une longueur de