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Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 4.djvu/165

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UNE NOCE À CONSTANTINOPLE.

dômes, divers de proportions selon le rang qu’ils tiennent, tandis que des quatre angles montent, vers la grande coupole, des coupoles moindres, qui la flanquent respectueusement. Sur les deux faces latérales sont, de chaque côté, deux galeries superposées l’une à l’autre avec une rangée de colonnes en arcades et recouvertes dans leur longueur d’une suite de nouveaux dômes ; c’est une sorte d’appendice à la mosquée, occupant en hauteur les deux tiers du mur.

Puis à côté de cette profusion orientale de dômes, ces minarets qui s’allongent en aiguilles, en rappelant l’église occidentale, marient heureusement avec ces courbes innombrables l’élancement de leurs lignes droites ; on dirait la prière qui monte et demande tandis que l’épanouissement des coupoles attend les grâces et la rosée du ciel. Enfin, ce qui complète la mosquée, c’est l’enclos ceint de murs et de grilles, où elle est posée, comme le Musulman, en adoration sur son tapis : l’ombrage des cyprès et des platanes plantés sans art, le roucoulement des tourterelles, ou des pigeons, l’eau qui s’échappe, pour les ablutions des fidèles, soit de la base du monument par de petites fontaines placées sur les deux faces latérales, soit d’une grande fontaine occupant le centre de la cour, attestent qu’ils n’ont pas oublié que, selon le Coran, Dieu avec l’homme créa aussi le monde. Dans son intérieur, la mosquée est grave ; elle redoute l’éclat du jour, le prestige des arts, l’idolâtrie du soleil et des astres, l’idolâtrie de l’homme et des animaux. Des fenêtres de médiocre proportion, carrées, ovales, cintrées, ogivales, rondes, et séparées pour la plupart en nombreux compartimens par un épais mastic, n’y laissent pénétrer la lumière que parcimonieusement, et ce n’est qu’au ramazan, à des époques rares que l’édifice s’illumine des mille lampes suspendues à sa voûte. Par sa clarté ombreuse, par la nudité de son enceinte, où s’élèvent seulement deux grandes chaires, où l’autel n’est qu’une niche vide, indicatrice de la situation de la Mecque, où le culte n’est qu’une oraison accompagnée de gestes, sans sacrifice, la mosquée amortit, beaucoup plus qu’elle ne les exalte, les sens du croyant. Au dehors elle peut vivement l’impressionner, au dedans elle le spiritualise plutôt qu’elle ne le matérialise ; traduction fidèle du Coran, qui se montre dans un verset si complai-