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Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 4.djvu/228

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REVUE DES DEUX MONDES.

loquence et de la vivacité d’esprit qui lui conciliaient tant d’amis ; elle offre un bon tableau des mœurs du temps. Quant aux éloges prodigués à Jean, souvenez-vous que le poète, méprisé partout ailleurs, était l’idole du capitaine, et qu’en perdant ce Médicis, il perdait tout :

« À peine avait-il reçu le coup fatal (dit l’Arétin), toute l’armée fut frappée de mélancolie et de terreur. Adieu à l’audace et à la joie ! Chacun, s’oubliant soi-même, se plaignait du sort qui menaçait ce noble duc, au commencement de ses nouveaux exploits, et dans le plus grand besoin de l’Italie. On parlait de son âge à peine mûr, de ses vastes desseins, de ce qu’il aurait pu accomplir, et de son intrépidité sans égale, et de sa prévoyance, et de sa fureur guerrière, et de son astuce admirable. Enfin, la neige qui tombait à grands flocons fondait sous l’ardeur de ces plaintes universelles ! »

C’est dommage qu’un trait de si mauvais goût vienne détruire

    Queste saranno quelle,
    Che mal vivendo ti faranno le spese,
    E’l lor non quel di Mantoa, Marchese.
    Ch’or mai ogni paese
    Hai ammorbato, ogni uom, ogni animale,
    Il ciel e Dio, e ‘l diavol ti vuol male.
    Quelle veste ducale
    O ducali accattate, e furfantate,
    Che ti piagono addosso sventurate,
    A suon di bastonate
    Ti saran traste, prima che tu muoja,
    Dal reverendo padre messer Boja,
    Che l’anima di noja,
    Mediante un capestro, caveratti,
    E per maggior favore squarleratti :
    E quei tuoi leccapiatti
    Bardassonacci, paggi da taverna,
    Ti canteranno il requiem eterna.
    Or vivi, e ti governa :
    Benchè un pugnale, un cesso, ovvero un nodo,
    Ti faranno star chelo iu ogni modo. »

    Ce sonnet fut le premier échelon de la fortune de l’Arétin.