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Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 11.djvu/493

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ORIGINE DES ZODIAQUES.

qu’à une époque tardive, qui coïncide avec celle où l’astrologie orientale vint prendre place parmi les superstitions de l’Occident. Cette doctrine qui, dans l’Égypte et la Chaldée, n’avait pu s’appuyer que sur des procédés fort imparfaits pour mesurer la position des astres, et sur une théorie incomplète des mouvemens planétaires, ne tarda pas à s’emparer et à profiter de tous les perfectionnemens que les méthodes avaient reçus dans l’école d’Alexandrie. Les astrologues chaldéens et égyptiens furent alors obligés d’adopter les divisions et les dénominations des signes du zodiaque grec, auxquels l’école d’Hipparque rapportait tous les mouvemens célestes, et d’après lesquels toutes les tables étaient dressées ; ils y rattachèrent également les prédictions de leur science mensongère[1]. Alors le zodiaque acquit une importance proportionnée à celle de l’astrologie ; aussi, voyons-nous à cette époque les représentations zodiacales paraître sur une foule de monumens divers, tandis qu’auparavant elles étaient presque inconnues. Telle est la conviction où je suis des causes qui amenèrent leur apparition sur les monumens de l’art, qu’après avoir constaté, dans de précédens ouvrages, qu’on n’en a pas trouvé en Égypte qui fussent antérieurs à la domination romaine, je m’avance maintenant jusqu’à dire qu’on n’en trouvera jamais[2].

Telle est en résumé la liaison des faits principaux dont se composent mes recherches. Elles diffèrent de celles qui les ont précédées, en ce que l’élément historique remplace, dans la discussion de ce sujet, l’élément mathématique qu’on y avait presque exclusivement appliqué. Elles détruisent radicalement les principes sur lesquels Dupuis a fondé son explication du zodiaque et des autres constellations, comme, plus tard, son système sur l’origine de tous les cultes ainsi que des fables antiques. Elles frappent d’avance de nullité tout système qui tendrait à faire jouer un rôle au zodiaque en douze signes dans l’in-

  1. L’astrologie judiciaire, qui avait su profiter des progrès de l’astronomie, paraît les avoir ensuite arrêtés. Depuis Ptolémée jusqu’aux Arabes, elle resta presque stationnaire. Il est remarquable que ce fut également, en Chine, l’effet du crédit que l’astrologie avait acquise sous la dynastie des Han. On n’observait plus les phénomènes ; les astronomes donnaient tous leurs soins à chercher les rapports entre le ciel et les actions des hommes. (Gaubil, Observ., etc, pag. 31.)
  2. — Mon illustre ami Champollion assistait à la séance où ces paroles furent prononcées. Dans sa prévention bien naturelle pour l’Égypte, qui était comme sa patrie scientifique, il se montrait peu disposé à accueillir les explications qui tendaient à faire croire qu’elle n’avait pas tout inventé. Il se promit donc bien que, si jamais les circonstances lui permettaient d’aller en Égypte, il saurait y trouver des représentations zodiacales proprement égyptiennes. Lorsque, quatre ans après, il partit pour son mémorable voyage, je lui rappelai sa promesse. À son retour, il fut obligé de convenir qu’il n’avait rien trouvé que des scènes