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Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 16.djvu/440

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REVUE DES DEUX MONDES.

lemands aient essayé, sous l’inspiration du cabinet de La Haye, de combattre le premier travail de M. Dumortier sur la dette belge, il me semble que cet honorable représentant a victorieusement établi, et dans cet essai et dans les explications toutes récentes qu’il vient de publier à Bruxelles, l’inexactitude des calculs fournis à la conférence par les plénipotentiaires néerlandais. La nécessité qui en résulte de réduire la part de la dette afférente à la Belgique, ne saurait être honnêtement contestée. Il est à espérer que la Néerlande elle-même finira par s’y rendre, s’il est vrai, comme je le crois, qu’on ait adopté à Londres, mais sans lui donner encore la forme officielle, un projet de dégrèvement dans la proportion de huit à cinq. Je vous parlerai donc protocoles, aussitôt que je le pourrai, et vous n’en rirez pas. Il n’y a que les sots qui se moquent de la diplomatie et des protocoles. Les protocoles et les traités sont pour les plus grands intérêts des nations, ce que sont les contrats de mariage et toutes les autres conventions légales pour les plus précieux intérêts des individus. La volonté des parties ne suffit pas davantage pour constituer une union légitime et donner un état dans la société civile, que l’insurrection pour constituer un gouvernement et donner sa place à un peuple au rang des sociétés politiques. Pour cela, il faut des protocoles, des traités et des plénipotentiaires, toutes choses qui valent bien de banales déclamations. Puisque le mot de protocole s’est présenté sous ma plume, je vous dirai, monsieur, en terminant cette lettre, que j’ai jeté les yeux sur un libelle intitulé : le Dernier des Protocoles, par un ancien diplomate français, qui vient de paraître ici. Je vous engage à ne pas vous laisser séduire par le titre, et si vous n’aimez pas les calomnies, l’histoire écrite en style bouffon, les ressentimens politiques descendant aux injures personnelles, à ne pas lire cette bizarre production de quelque orangiste en verve de scandale. Les Van de Weyer, les Lehon, les Nothomb, les Lebeau, sont au-dessus des ridicules que leur prête si généreusement ce pamphlétaire. Leur réponse est toute faite. C’est ce gouvernement qu’ils ont fondé, cette indépendance qu’ils ont établie, cette puissance nouvelle qu’ils ont donnée à la Hollande pour voisine et pour rivale ; c’est enfin ce souverain de la Belgique, avec lequel il faut maintenant compter, que l’Europe tout entière apprécie et reconnaît, et que même à La Haye on appellera bientôt le roi Léopold.


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F. Buloz