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Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 16.djvu/439

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REVUE. — CHRONIQUE.

ayant déjà beaucoup fait pour la Belgique, et ne se devant pas à elle-même de provoquer la guerre européenne, pour que les Hollandais ne soient pas à Venloo, et que les Belges conservent tout le Luxembourg. Voilà, monsieur, la situation tout entière ; jugez si j’ai eu tort ou raison d’en apprécier rigoureusement les conséquences dès l’abord, et de ne pas les déguiser au peuple belge.

Il faut maintenant que je revienne sur ce qui s’est passé à La Haye dans le sein des états-généraux depuis l’ouverture de la session. On y trouve des manifestations dont il est impossible de ne pas tenir compte, et qui ont produit partout, je le sais de science certaine, une sensation très vive.

On avait remarqué, depuis 1834 à peu près, un mécontentement croissant de la part des états-généraux contre l’obstination du roi des Pays-Bas à rejeter le traité du 15 novembre. Dans les deux dernières sessions, ce mécontentement s’était prononcé avec plus de force. Les embarras financiers allaient en augmentant ; la guerre européenne, sur laquelle avait paru compter le cabinet de La Haye, n’éclatait pas et ne semblait pas prochaine ; la prospérité du royaume de Belgique s’affermissait et se développait chaque jour, ainsi que la solidité de son gouvernement ; un état militaire fort onéreux écrasait la nation néerlandaise, et le patriotisme batave se fatiguait non moins que l’attachement à la maison d’Orange. Le roi sentit qu’il fallait enfin céder, et au mois de mars de cette année, se déclara prêt à signer les arrangemens conclus en 1831, et qu’il avait repoussés jusqu’à ce jour. C’est en conséquence de cette déclaration que la conférence de Londres a repris ses travaux, et cherche maintenant à terminer la question. Le roi Guillaume recueille aujourd’hui le fruit de la concession qu’il a faite aux désirs de son peuple. On a répondu à son discours par une adresse votée presque d’enthousiasme, par un acte éclatant d’adhésion à sa politique. On y prend l’engagement solennel de le soutenir, dans la lutte nouvelle que pourrait nécessiter la résistance des Belges. On lui fait un devoir de défendre des droits irrévocablement acquis, puisqu’ils sont consacrés par un traité que les puissances médiatrices ont maintes fois déclaré définitif et irrévocable. Et ce n’est pas une majorité équivoque, une majorité flottante qui tient un pareil langage au roi des Pays-Bas. C’est toute une assemblée. Onze dissidens auraient voulu une rédaction plus belliqueuse encore. Un seul membre, homme d’une grande influence, il est vrai, et d’un caractère fort élevé, trouvait cette manifestation imprudente et de nature à rendre plus difficile une transaction devenue nécessaire. Fort de cette adhésion, le gouvernement néerlandais ne peut manquer de défendre avec plus d’énergie et de raison que jamais l’intégrité du territoire et les droits de la famille régnante. Si quelque chose pouvait l’embarrasser désormais, ce serait même plutôt l’excès que le défaut d’ardeur, dans le cas où la nation et les pouvoirs publics viendraient à se persuader que l’acceptation tardive du traité des vingt-quatre articles par le roi exclut toute modification dans les arrangemens qu’il contient. Cependant, monsieur, quoique des journaux al-