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Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 22.djvu/379

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REVUE. — CHRONIQUE.

recueil de poésies que Mlle Quarré vient de publier[1], on distingue surtout la réponse à M. de Lamartine et la pièce intitulée : À un Fils. La poésie de Mlle Quarré ne brille pas précisément par une couleur propre et une originalité bien déterminée ; mais on y remarque de la pureté, de l’harmonie, et l’entente du rhythme poétique, qualités d’autant plus louables qu’elles sont toutes instinctives chez la jeune ouvrière.


— Le premier volume de Port-Royal, par M. Sainte-Beuve, vient de paraître. Nous nous contentons, pour aujourd’hui, d’annoncer cet important ouvrage, où se déploie une faculté de travail et d’étude que notre époque semble avoir oubliée. Le volume que publie M. Sainte-Beuve ouvre dignement son grand travail, où le XVIIe siècle sera envisagé sous tant de curieux aspects. Toute une période intéressante de l’histoire de Port-Royal est retracée dans ce volume, qui, à lui seul, forme ainsi un ensemble, et que nous nous réservons d’examiner bientôt.


M. Ampère vient de publier le troisième volume de son Histoire littéraire de France. Dans ce volume, il expose l’état des lettres depuis Charlemagne jusqu’au XIIe siècle. Plus M. Ampère avance dans l’ouvrage qu’il consacre à notre littérature, plus les faits intéressans, les aperçus ingénieux se multiplient. La grande époque de Charlemagne, considérée au point de vue littéraire, a trouvé à la fois dans M. Ampère un historien éloquent et un critique plein de finesse. Parmi les chapitres de ce nouveau volume qui doivent surtout fixer l’attention, nous citerons l’étude sur Charlemagne et les portraits d’Hincmar, d’Alcuin et d’Agobard. On ne peut que désirer vivement de voir M. Ampère appliquer aux diverses époques de notre littérature l’élévation et la sûreté de jugement qui lui assurent parmi les critiques érudits une place si éminente


— Nous sommes en retard pour parler du roman que M. Kératry a publié récemment sous le titre d’Une fin de Siècle. Ce livre, dont l’intérêt repose sur de nobles sentimens, sur une action touchante, méritait l’accueil favorable qu’il a obtenu. Le sujet choisi par l’auteur était difficile ; il y avait pour lui deux conditions à remplir : peindre avec exactitude l’époque au milieu de laquelle il plaçait ses personnages, puis dessiner avec netteté ces personnages eux-mêmes et les faire agir. Il ne fallait pas une médiocre habileté pour mener de front ces deux tâches, le tableau général de la France au XVIIIe siècle, et le développement d’une action empruntée à la vie privée. On pouvait craindre que l’histoire n’empiétât sur le roman, ou qu’entraîné par le charme d’une donnée touchante, l’écrivain ne négligeât de peindre l’époque à laquelle il

  1. Ce recueil a paru lithographié à Dijon.