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Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 22.djvu/624

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trop infime, la disproportion qui existe entre son actif et son passif est trop considérable, pour tenir à des causes également équitables. Si on accorde quelque attention à leur recherche, on ne peut s’empêcher de reconnaître que les unes dépendent de nous-mêmes, de notre propre volonté, du système économique qui nous régit, système aussi vicieux en soi que fâcheux dans ses conséquences, et que les autres tiennent à un vouloir étranger qui nous sera toujours contraire, mais qu’une sollicitude plus active pourrait nous rendre moins défavorable[1]. »

Le gouvernement anglais est occupé en ce moment de mesures importantes pour la protection et le développement des ressources commerciales de l’Inde. Ce que nous avons dit ailleurs sur ce sujet, et les renseignemens généraux que nous venons de présenter sur les recettes et les dépenses de l’empire suffisent pour montrer que le gouvernement de l’Inde doit chercher à augmenter ses revenus territoriaux par les encouragemens qu’il donnera à l’agriculture, par l’accroissement et le perfectionnement des voies de communication intérieures, par l’extension générale du commerce, et enfin par l’appropriation définitive de certains états tributaires dont les richesses naturelles ou les ressources sont méconnues par les gouvernemens indigènes ou imparfaitement réalisées et dissipées dans l’intérêt d’un despotisme égoïste.

La police générale de l’empire (divisé à cet égard en plusieurs grands arrondissemens) est confiée à des hommes éminens par leur instruction, leurs connaissances locales, l’activité et l’énergie de leur caractère, et dont les efforts dans ces dernières années ont été surtout dirigés vers la suppression du tugguisme[2], cette association monstrueuse qui couvre l’Inde entière de ses réseaux, et qui depuis des siècles fait du meurtre et du vol une profession placée sous la protec-

  1. Nous empruntons ces derniers détails à une brochure publiée ces jours derniers à Bordeaux, sous ce titre : Notes analytiques sur le commerce français au Bengale, par J.-A. Walker, de la maison J.-A. Walker et comp., de Calcutta, petit in-4o de 100 pages. — Ce petit ouvrage, dont nous avons en ce moment sous les yeux un exemplaire que l’auteur a bien voulu nous adresser, contient des renseignemens importans et très curieux sur le commerce du Bengale et des Indes anglaises en général. L’auteur indique avec netteté les causes principales qui nuisent au développement de nos relations commerciales avec ce pays ; il ne se borne pas à signaler le mal, il désigne aussi le remède. Ses vues à cet égard nous paraissent mériter toute l’attention du haut commerce et du gouvernement.
  2. T’hugs (prononcez theuggs) dans l’Hindoustan proprement dit, et p’hansigars dans le Dekkan, voleurs et assassins, surtout étrangleurs par profession. Les Thugs admettent des hommes de toute caste, mais surtout des Brahmes.